Cash Investigation Déchets : Lemon Tri réagit
Cash Investigation : Lemon Tri réagit
Le dernier épisode de Cash Investigation vous a mis le moral dans les chaussettes? Vous avez perdu le goût du tri et vous êtes de plus en plus méfiant envers votre bac jaune? On vous comprend. Pour tout vous dire, c’est en partie en réaction à ce modèle que chez Lemon Tri nous avons décidé d’innover et de travailler autrement dans le secteur du recyclage. Explications.
Une communication qui joue sur les mots, parfois mensongère
C’est ce que dénonce fermement l’équipe d’Elise Lucet, lorsqu’elle épluche les rapports régionaux, peu accessibles au grand public, ou lorsqu’elle s’infiltre dans un centre de tri. L’émission vise particulièrement des taux de recyclage faussés (qui prennent en compte le remblayage), les phrases exagérées (“Tous les emballages seront recyclés”) et un manque de chiffres clairs publiés régulièrement.
Qu'en-est-il chez Lemon Tri?
Notre vœu de transparence est au cœur de notre mission. Il s’est renforcé au fur et à mesure de la croissance de nos activités au sein d’un secteur qui reste particulièrement opaque : celui des déchets.
Nous avons tissé des partenariats étroits avec plus de 30 filières de recyclage partout en France. Elles ont été choisies pour leur méthode de recyclage (recyclage matière, pas de valorisation énergétique) et pour leur localisation (la quasi-totalité de nos filières sont françaises). La liste de nos filières est envoyée régulièrement à tous nos clients, couplée à un reporting clair et complet de la gestion de leurs déchets : qualité du tri à la source, quantités collectée, émissions de C02 évitées grâce à ce tri, ressources sauvées, équivalence en heures d’insertion générées… une dizaine d’indicateurs sont transmis chaque mois pour assurer une transparence totale. D’autre part, nous organisons des journées portes ouvertes trimestrielles afin de donner la possibilité à nos clients de mieux comprendre où vont leurs déchets, et aux habitants du territoire d’en apprendre plus sur le secteur !
Des emballages non recyclés, à quoi ça sert de trier ?
Avec la mise en place de l’extension des consignes de tri (principe selon lequel tous les emballages sont acceptés dans le bac jaune) il est très facile de penser que tout se recycle. Les communications des organismes de gestion de déchets ou des industriels renforcent aussi parfois cette croyance. Ce n’est pourtant pas le cas : aujourd’hui en France, nous manquons cruellement de filières de recyclage face à la quantité de flux différents disposés dans la poubelle jaune. Selon Cash Investigation, seuls 28% des déchets déposés dans le bac jaune seraient vraiment recyclés. Malgré cela, trier demeure essentiel ! Cela permet de collecter des gisements de matière sur lesquels mener des projets de recherche et de développement, pour pouvoir ouvrir de nouvelles filières.
Qu’en est-il chez Lemon Tri ?
Notre philosophie s’oppose vivement au mélange des déchets : chez nous, le tri fait la loi, et la loi du tri est stricte ! A la source, par matière, Lemon Tri stocke et conditionne seulement les matières recyclables : c’est-à-dire les matières que nos partenaires savent recycler. Nous pouvons collecter les déchets non recyclables, le DIB, par soucis pratique et pour simplifier la démarche des entreprises qui souhaitent recycler leurs déchets, mais ceux-ci iront directement en centre d’enfouissement ou d’incinération.
Le geste de tri à la source, pierre angulaire de notre modèle, nous permet d’obtenir un taux de recyclage égal à 96%. Comment comprendre ce chiffre ? Cela signifie que 96% des emballages triés dans nos bacs et machines sont recyclés par nos filières. Les 4% restants correspondent aux erreurs de tri. La phrase “tout ce qui est trié est recyclé” est donc vraiment presque vraie chez Lemon Tri !
Des métiers précaires et difficiles
Les conditions de travail dans les centres de tri ont été critiquées par l’équipe de Cash Investigation. Précarité des contrats de travail, non-respect des normes de sécurité…
Qu’en est-il chez Lemon Tri ?
Engagée pour l’insertion professionnelle, Lemon Tri a pour mission de faciliter l’accès au marché du travail pour ceux qui en sont exclus. Nos activités logistiques génèrent de belles opportunités d’emploi et sont opérées dans le cadre d’un parcours d’insertion. Nous employons ainsi actuellement 25 personnes en contrat d’insertion par l’activité économique : d’une durée de 8 mois, ce contrat entend offrir de nouvelles opportunités d’emplois aux bénéficiaires à l’issue du programme. Ceux-ci sont des personnes exclues du circuit professionnel classique : chômeurs de longue durée, anciens détenus, réfugiés, jeunes déscolarisés…
Au sein du parcours d’insertion, 25% du temps est consacré à de la formation personnelle et professionnelle. Ces modules de formation peuvent être dédiés au passage du permis CACES, à des cours de théâtre, de préparation d’entretiens ou de rédaction de CV, à de la sensibilisation au développement durable ou même à des ateliers de prise en main du numérique !
Que retenir alors de ces émissions à charge ? À qui la faute?
Particulièrement exposés dans l’émission, les recycleurs et les éco-organismes ne sont en réalité pas les seuls “coupables” de la non-recyclabilité des produits. Les metteurs en marché ont en effet une immense part de responsabilité sur ce sujet. Il doivent veiller à la fin de vie de ces emballages. Malheureusement, par souci économique et pratique, trop d’industriels font encore le choix d’emballages en plastique bon marché, recyclables en principe seulement. Eco-concevoir les produits et les emballages, en évitant d’imbriquer des matières différentes dans de mêmes produits par exemple, est pourtant primordial si on veut recycler plus et mieux.
Mais alors, comment faire bouger les choses? Est-il vraiment utile de trier?
Oui ! Alors, bien sûr, et on ne le répétera jamais assez : le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Trier ses déchets n’est pas une excuse pour en produire. Mais, pour les 300 millions de tonnes de déchets produits par les français chaque année, le recyclage reste une meilleure option que la décharge ou l’incinérateur. Plus de transparence, plus d’opportunités d’emploi durable et non délocalisables, de résilience pour s’approvisionner en matières premières secondaires : le recyclage peut et se doit d’être vertueux !
En parallèle, il est urgent de réduire nos déchets à la source. S’engager individuellement et appliquer dès que possible les “5 R du Zéro Déchet” est essentiel. Mais pour qu’un quotidien zéro déchet soit accessible à tous, il revient à l’Etat d’actionner d’autres leviers, notamment réglementaires pour formaliser, booster et encadrer la transition vers le réutilisable. C’est le sens de la loi Climat et Résilience, qui impose que 20% des plus gros supermarchés soient dédiés au vrac, ou de la loi Anti gaspillage pour l’Économie Circulaire qui prévoit la fin de l’emballage plastique à usage unique dès 2040 : une échéance qui nous paraît peu ambitieuse. Nous souhaitons aller plus loin et plus vite, en développant notamment des systèmes de collecte de contenants réemployables et consignés. C’est le sens de nos machines de déconsigne, capables de s’intégrer dans une boucle de réemploi optimisée, grâce à nos moyens de collecte qui permettent de conditionner les contenants et de les envoyer directement en centre de lavage, avant qu’ils soient remis en marché.